Dans les romans à succès La cité des ténèbres, nous pouvons apprécier les tribulations de chasseurs d'ombres à demi-ange qui essaient de préserver le monde de l'influence démoniaque. Forte de son succès, Cassie Clare a écrit une nouvelle trilogie intitulée The infernal Devices et dont le premier opus a connu un formidable parcours outre-atlantique.
Aujourd'hui, c'est la grande fête chez nos amis américains et, au-delà, dans le monde entier pour les lecteurs VO, Le second tome de cette saga, Clockwork Prince est enfin sorti le 6 décembre!!
Pour rappel et pour info à ceux qui ne connaissent pas encore cette série, Clockwork Angel nous présente une nouvelle héroïne, Tessa Gray, qui découvre que son frère est embrigadé dans une sombre histoire qui implique des automates humanoïdes dirigés par un méchant maléfique, résolu à se venger des chasseurs d'ombres. Dans ce livre, Tessa doit se faire aux mystères du monde des chasseurs d'ombres et en même temps composer avec l'amour de deux garçons, le sarcastique Will et le si gentil mais très malade Jem, un Chasseur d'ombre à demi chinois recueilli alors qu'il était enfant par l'institut de Londres après la mort tragique de ses Parents.
A l'occasion de la sortie évènement de ce livre, Cassie a été interviewée par le site Deversity in YA, en voici la traduction...
Malinda Lo: Quelle a été votre inspiration pour le personnage de Jem?
Cassandra Clare: Je pense, comme dans la plupart des cas quand on écrit, que Jem est un subtil mélange d'idées et d'archétypes qui me fascinent. Je ne voulais pas que tout le cast de TID soit blanc, malgré l'époque dans laquelle ils évoluent. J'ai été a une exposition au Rijkmuseum d'Amsterdam qui montrait des peintures de familles eurasiennes. Des blancs, Allemands et Anglais, avec leurs épouses Indiennes, Indonésiennes et Chinoises, et leurs enfants. J'ai été fascinée par la vie de ces enfants qui étaient vraiment partagés entre ces deux mondes. J'ai aussi tout de suite su que je voulais écrire sur deux garçons, l'un physiquement meurtri mais emotionnellement fort et l'autre emotionnelllement brisé et physiquement fort, et voilà comment sont nés Will et Jem. Will étant le plus jeune et Jem le plus vieux.
J'ai toujours été fasciné par l'image du beau poète mourant de Keats, qui tousse du sang dans un mouchoir de dentelle, etc... Au 19 ème siècle, la société voulait que vous soyez beau et créatif même si cela devait vous tuer. Les yeux brillants de fièvre, les joues rouges et la maigreur.... ça n'a probablement jamais rendu les gens plus créatifs, mais Keats était tellement romantique. Mais je ne voulais pas que Jem ait la tuberculose... Trop banale! (NDLR : l'auteur a dit "Mundane" ce qui est aussi le nom américain des "terrestres" il y a un jeu de mots... j'aurais pu traduire "trop terrestre")
Je suis également fascinée par la guerre de l'opium et le fait qu'à un moment, l'empire britannique était la plus grosse plaque tournante de la drogue au monde. Alors, j'ai décidé que ce dont souffrait Jem, était plus une addiction qu'une maladie, et que cette addiction ferait un parallèle à l'histoire de la drogue en Chine et à la fracture qui en découla entre l'Angleterre et la Chine. Et pour l'histoire du Violon, c'est un clin d'oeil à mon toxicomane préféré dans la littérature, Sherlock Holmes.
ML: Quel était le défi, s'il y en a un, d'écrire sur un personnage demi chinois qui vit au 19 ème siècle?
CC: Vous êtes toujours un peu inquiet de faire n'importe quoi et je suis sûre que cela a été le cas sous bien des aspects, mais j'ai essayé.
Je savais en écrivant "the Infernal Devices" que j'allais avoir une somme considérable de recherches à effectuer. Je suis entrée dans ce projet fou et durant six mois, je n'ai rien lu d'autre que des livres dont l'histoire se passait à l'époque Victorienne, ou qui en parlait au moins. J'ai lu des dictionnaires d'argot de l'époque, des livres de cuisine, acheté des cartes et des gravures assez rares.
Le truc, c'est que pour autant qu'on trouve des tas de renseignements sur le Londres Victorien, on ne peut pas en dire autant de la Chine à la même époque et particulièrement de Shangai. Le livre de Stella Dong "Shangai: grandeur et décadence" était d'un grand secours, de même que celui de Maurice Collis "foreigh Mud" (diffamations étrangères). J'ai aussi déniché des ressources contemporaines du mieux que j'ai pu. L'almanach de Shangai et miscellanées publié en 1856, par le Herald de Chine du Nord, donne des informations exhaustiveq pour tous ceux qui vivent à Shagai, y compris une liste des résidents étrangers. Alors si vous voulez savoir , par exemple, qui était l'inspecteur des soies pour Blenkin, Rawson et Co, en 1855, Il vous dira que c'était Edward Clarke et également comment le trouver.
J'ai aussi déterré des cartes et des croquis de Shanghai (beaucoup d'entre eux ressemblant à celui-ci et d'à peu près la même période) à La Maison de la carte de Londres, qui se trouve sur la rue Beauchamp et où on trouve tout. Mais ce fut beaucoup de travail, et probablement de ce que j'ai appris, je n'ai utilisé que 10% environ, pour couvrir l'histoire de Jem. Mais je me sentais comme si j'avais besoin de le savoir, afin que je puisse mieux le connaître.
ML: Je ne me souviens pas avoir vu récemment de couverture de livre pour jeune adulte sur laquelle il y avait un jeune homme asiatique, en tout cas pas depuis Clockwork Prince. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le processus de création pour CP?
CC: Il me semble que la couverture de "Betrayal" de Lily St Crow représentait trois personnages dont l'un était un garçon asiatique. C'est la seule qui me vienne à l'esprit, mais je ne suis pas une experte en couverture ; depuis que vous m'avez fait remarqué ce manque de garçons asiatiques sur les Couvertures de livres YA.
Pour ce qui est du processus de création de CP, je savais que ce serait Jem sur la couverture. Et, pour autant je n'avais pas trop mon mot à dire dans le processus de création des couvertures au début, maintenant, c'est mon sixième livre avec Simon and Schuster, et je suis plus investie dans ce processus à présent. On m'a prévenue dès le début qu'ils cherchaient un modèle eurasien pour Jem et qu'il allait être super beau.
Je sais que ça peut paraitre bizarre, mais il y a comme une sorte de tabou sur la sexualité des asiatiques dans les médias, et Jem, même s'il est bon et doux, est aussi supposé être sexy et terriblement canon (Je pense que je ne suis pas la seule à me consumer pour les musiciens de talent.) J'ai visité des sites de mannequins et trouvé quelques exemples de très beaux modèles eurasiens et je les ai envoyés à qui de droit. Le photographe a sélectionné celui qu'il a préféré.
Je dirais que le seul souci a été que sur la première composition, Jem portait un chapeau qui était abaissé. Je pense que l'idée était de lui donner un look un peu insouciant, mais cela lui obscurcissait toute la moitié supérieure de son visage. Et j'ai dit "non, pas de chapeau. Je vais mourir sur la colline de ce chapeau. Nous devons voir tout son visage." Je ne sais pas s'ils ont dû refaire les prises de vues ou pas, mais le chapeau a disparu.
ML: Magnus Bane est l'un des rare personnage bisexuel dans la littérature Jeune adulte (s'il n'est pas le seul), et il semble avoir de nombreux fans. Vous attendiez-vous à ça? Pourquoi, ou pourquoi pas?
CC: Ma meilleure amie quand j'étais plus jeune - elle est toujours ma meilleure amie - Est bisexuelle, et même si côtoyer quelqu'un de bi et l'être soi-même est très différente, on peut quand même ressentir la discrimination.
J'ai toujours senti que les bi étaient jugés de manière très injuste. Je savais qu'elle se sentait exclue des deux camps, quand elle était hétéro, la communauté disait : "Ok, si tu peux sortir avec des filles et des garçons, pourquoi ne pas choisir les garçons?" Par ailleurs, la communauté gay n'était pas aussi accueillante qu'elle l'espérait. Alors, j'ai pensé, pourquoi pas un personnage Bi qui soit fier de l'être et sûr de lui? (Une remarque intéressante : Magnus n'était pas destiné à sortir avec Alec à la base, je savais qu'Alec était Gay, et que Magnus était Bi, mais leur relation a évolué au fil de l'histoire de la série.)
Et, pour tout dire, non, je ne pensais pas que Magnus ou Alec serait aussi populaires; Je pense que ce genre de choses ne peut pas être envisagé au moment de l''écriture. Les lecteurs vous surprennent toujours.
ML: Quels conseils donneriez-vous à l'écrivain qui voudrait écrire au sujet de sa propre expérience, qu'elle soit raciale, culturelle, ou même sur ses orientations sexuelles?
Faites des recherches autant que possible. Apprenez autant que vous le pouvez. Le livre de Nisi Shawl et Cynthia Ward, au sujet de l'écriture sur les autres, doit devenir votre meilleur compagnon, mais aussi avoir un groupe de lecture hétéroclite qui soit bon et honnête peut aider. Enfin, quand vous décrivez des gens qui sont différents de vous, que ce soit par la race, la sexualité, ou n'importe quoi d'autre, ce sera critiqué. Cela peut être dur à entendre et mettre en lumière une démarche d'autodéfense, mais le mieux est de rester calme et écouter. Et continuer malgré tout.
ML: Tous vos livres contiennent une tension romantique et franchement vous êtes la reine des mauvais garçons en littérature Jeunes adultes. :) Avez-vous un truc pour créer d'aussi sexy histoire d'amours? (beaux abdos?)
CC: Eh bien, les abdos en acier, sont toujours d'un grand secours! Honnêtement, je pense qu'il y a deux choses qui sont la clé d'une belle histoire d'amour bien sexy : La première est qu'ils doivent être bon dans ce qu'ils font. Il n'y a rien de plus sexy que de regarder quelqu'un exceller dans un domaine qu'il fait extraordinairement bien - La différence avec les mauvais garçons, c'est qu'ils savent qu'ils sont bons à ce qu'ils font et que ça vous excite; alors que les gentils garçons, non. Et il faut aussi un soupçon de vulnérabilité. Votre héros n'a pas besoin d'être tourmenté, mais la fille ou le garçon qu'il aime doit pouvoir percer cette armure... ou ce n'est pas drôle. :)
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